Suppression de jours fériés : travailler plus... pour rien ?

Rédigé le 18/07/2025
Gregory Vernon

Le Premier ministre François Bayrou propose de supprimer deux jours fériés, au nom d’un effort collectif censé stimuler l’activité du pays. Présentée comme une mesure de bon sens, l’idée soulève pourtant plusieurs questions de fond sur son efficacité, sa logique sociale, et ce qu’elle cache en réalité.

Dans l’industrie, de nombreux jours fériés sont déjà travaillés, car le Code du travail ne les rend pas obligatoirement chômés (exception faite du 1er mai). Quand ces jours sont travaillés, ils donnent lieu à des majorations salariales, prévues bien souvent par accords. Supprimer ces jours reviendrait donc à effacer ces compensations tout en maintenant le travail. En d’autres termes, il est demandé aux salariés de travailler plus, pour le même salaire, voire moins.

Sur le plan économique, les effets attendus restent à démontrer. Le gouvernement évoque des gains pour l’économie, mais aucun chiffrage précis, aucun modèle économique précis n’est présenté afin d’étayer cette annonce…

Ce flou entretient le doute sur la réelle portée d’une telle mesure.

Pour finir, il faut regarder ce débat pour ce qu’il est peut-être : un écran de fumée. Pendant que l’attention se concentre sur la question des jours fériés, d’autres mesures lourdes de conséquences sont discutées dans une relative discrétion : révision du statut des affections longue durée, gel de certaines aides sociales, les coupes budgétaires dans les services publics... Autant de réformes qui impacteront directement les plus fragiles.

Chez FO Métaux, nous ne refusons pas la discussion sur le travail ou encore la croissance. Elle doit reposer sur des données solides, une vision cohérente et des choix assumés, et non sur des mesures symboliques, sans effets mesurés, ni dialogue réel.

« Alors non, ce n’est pas en supprimant deux jours fériés pris au hasard, que la France se relèvera. C’est en investissant dans le travail, pas en l’usant. »